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« Comprendre ce qu’il se passe dans la réalité psychologique de l’entraîneur », Chloé Leprince

Psychologue et Chercheure en Sciences du Sport au sein 
de la Direction Technique Nationale et plus particulièrement du Centre de Recherche de la FFF, Chloé Leprince évoque une sélection d’outils permettant aux entraîneurs d’optimiser l’accès à la performance. Le tout validé par des études scientifiques menées en collaboration avec de nombreux partenaires experts dans leur domaine.

La priorité du Centre de Recherche est de mieux accompagner les entraîneurs, soit ! Mais comment cela se traduit-il dans vos travaux ? 
Il est important en effet de rappeler que nous construisons notre approche autour de l’entraîneur, qui est souvent la personne la plus exposée et observée. Aussi, l’analyse de la performance, la technologie et l’apprentissage ainsi que la santé et le bien-être sont autant de thématiques sur lesquelles nous cherchons à l’accompagner grâce aux apports de la science et de la pratique.

Prenons la thématique “santé-bien-être.” 
Comment sélectionnez-vous les outils ?Il existe très peu d’études et d’informations sur la santé et le bien-être des entraîneurs. Tout l’enjeu pour nous est donc de mieux comprendre et appréhender ce qu’il se passe chez eux afin de ne pas juste innover mais répondre à de vraies problématiques. Et pour ce faire, nous n’hésitons pas à explorer des technologies développées en dehors du champ footballistique.

Un exemple ? 
Notre premier partenaire, Music Care, est une solution utilisée dans le milieu médical pour lutter contre la douleur, l’anxiété et le manque de sommeil. Or, les “souffrances” rencontrées par les techniciens présentent certaines similitudes avec celles des patients. D’ailleurs, l’étude scientifique menée dans le cadre du BEPF a montré que Music Care était bien adapté au contexte du football. 

Mais de quoi souffrent les entraîneurs au
juste ?

On s’est rendu compte que la première chose qu’un coach arrête de faire lorsqu’il est en difficulté, c’est de prendre du temps pour lui. Il ne se ressource plus. Notre raisonnement a donc été de proposer des pratiques personnelles afin d’y remédier, toujours grâce à des outils sélectionnés par nos soins. Nous plébiscitons l’application PetitBambou pour la méditation, la respiration et la cohérence cardiaque, ainsi que des pratiques telles que le Garuda, une technique psychocorporelle énergisante et ressourçant qui allie yoga, taïchi, pilate et danse. Idéal pour développer la connaissance de soi dont on s’est aperçu qu’elle était un vrai critère de performance.

Expliquez-nous. 
Plus les entraîneurs se connaissent, meilleure est leur qualité de vie. Le Centre de Recherche se doit donc de les accompagner. Pour cela, il existe des tests robustes scientifiquement comme le NEO- PI proposé par Hogrefe qui évalue les 5 grands domaines de la personnalité. Les techniciens qui passent le BEPF et le BEFF ont commencé leur formation avec celui-ci et la connaissance de soi aura été pour eux l’un des fils rouges de la saison. 

Ces travaux s’adressent-ils aux encadrants de tous niveaux ?

Complètement. Il existe différentes sources de stress en fonction du niveau de pratique, mais les outils sont les mêmes. Nous agissons en deux temps: comprendre à quoi les techniciens sont confrontés et leur proposer des solutions adaptées. Nous avons de plus en plus d’informations sur le mécanisme de dégradation des entraîneurs, ce qui nous permet de cibler précisément nos besoins lorsqu’on recherche des partenaires.

Quels bienfaits avez-vous déjà pu observer sur eux, concrètement ?

D’abord, ils se sont montrés très réceptifs. Nous sommes parvenus à les sensibiliser sur l’importance de prendre soin de soi et de se connaître. On a pu remarquer chez eux une ouverture d’esprit, une prise de conscience ainsi qu’un besoin d’obtenir des réponses à leurs interrogations. Il faut dire aussi que la diversité des outils offre une large palette de choix et chacun est libre de sélectionner ce qui est bon pour lui. L’objectif étant de parvenir ensuite à les intégrer dans sa routine.

C’est ce qui anime l’équipe du CDR ?
Ce qui nous anime, c’est surtout ce double-objectif : vérifier l’efficacité des outils que l’on sélectionne et comprendre ce qu’il se passe dans la réalité psychologique de l’entraîneur.

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