David Suarez : « Tout fait pour que les jeunes soient bien encadrés »
Pour beaucoup d’entraîneurs, la saison 2019/2020 aura laissé un petit goût d’inachevé. David Suarez, l’entraîneur des U19 nationaux de l’Amiens SC, revient sur ces dernières semaines qui ne l’ont pas empêché de se projeter sur l’avenir de son club, de ses joueurs et de son sport. Entretien.
On imagine que la levée du confinement a été accueillie avec soulagement. Comment avez-vous rythmé ces huit semaines loin des terrains ?
Je sortais de deux saisons de formation BEFF très intenses que j’ai eu le bonheur de valider. Les premières semaines, mon temps était organisé entre travail, lecture, séries sur le sport tout en gardant un lien avec notre groupe de jeunes au centre de formation. Dans la lancée de ma formation, j’ai aussi fait des recherches afin de poursuivre l’optimisation de mon projet « CELLULE9 » que je mène à Amiens et qui traite du secteur offensif. Aussi, j’ai pu échanger avec mes amis dans le milieu du sport sur des sujets passionnants. J’ai également pris du temps pour moi. Les saisons sont éprouvantes et nous n’avons pas forcément le temps de s’entretenir physiquement, de se reposer et passer du temps en famille.
Au niveau du football, le staff et moi-même avons procédé aux évaluations et entretiens des jeunes en visio, notamment pour évoquer leur avenir. Ce n’est pas toujours simple mais il est important d’être transparent avec les joueurs. Le fait de le faire derrière un écran nous a permis de vivre des moments d’échanges et d’émotions très enrichissants. Enfin, le confinement a été rythmé par l’incertitude dans laquelle se trouve le club par rapport à sa situation la saison prochaine ainsi que la distance qui s’est créée au sein du groupe de par cet arrêt brutal. Nous restons sur un petit goût d’inachevé mais la santé prime sur tout. Désormais, il faut se projeter sur la saison prochaine avec la reprise, la programmation, les matchs amicaux tout en respectant les consignes sanitaires.
Vous êtes à la tête d’une catégorie charnière dans un club professionnel avec des garçons qui nourrissent de grandes ambitions. Qu’est ce qui a été le plus difficile à gérer ?
Clairement, l’arrêt de la saison. Tout le monde avait envie de continuer pour atteindre l’objectif, à savoir les deux premières places. Il y a donc un goût d’inachevé. Le fait de ne pas pouvoir s’entraîner et faire ce qu’ils aiment. Les coups de téléphone ne remplacent le terrain et les séances collectives. Le confinement aura été une période marquante pour eux pendant laquelle il fallait bien assurer le suivi scolaire. Notre responsable éducatif a d’ailleurs fait un travail remarquable. L’incertitude contractuelle et sportive est une source de stress pour eux. C’est pour cela que les entretiens ont été importants et le directeur du centre a tout fait pour que les jeunes soient bien encadrés. Chacun connaît maintenant sa destinée pour la saison prochaine et nous sommes prêts à repartir dès que l’on pourra.
Les conditions sanitaires vont désormais être la priorité de tous les clubs. Avez-vous déjà envisagé un fonctionnement différent ?
Bien entendu, nous allons suivre les protocoles de reprise imposés. Je regarde un petit peu ce qu’il se passe dans les grands clubs (respect des distances entre joueurs, mise en place de protocoles d’organisation pour les séances, exercices individuels ou par petits groupes). Fondamentalement, cela ne change pas le métier mais demande de prendre plus de précautions au quotidien (organisation du vestiaire, de la séance, le matériel…) Cela demandera certainement une observation plus précise des comportements à l’entraînement, de renforcer la connaissance et le suivi du joueur pour mieux intervenir. Dans un premier temps, il faudra reprendre les fondamentaux individuels pour tendre progressivement vers le collectif.
D’après vous, quelles sont les perspectives pour le football dans les mois à venir ?
Le foot entame une phase de rééducation et j’espère que le confinement aura été une prise de conscience pour ses acteurs. Priorité aux conditions sanitaires et à l’exigence sur les mesures médicales à tenir, à une reprise d’activité progressive et étudiée pour limiter les risques de blessures et à une plus grande connaissance du joueur afin de pouvoir avoir une approche précise de la performance. Au niveau de l’entraînement en lui-même, la gestion de la charge sera importante tout comme les temps de séances et les temps de jeu en préparation. Tout cela dans l’objectif de retrouver du rythme.
Les premières semaines seront essentielles pour remettre les machines en route et peut-être que certaines nouvelles règles (5 changements) seront bénéfiques pour la reprise des compétitions. Sur le plan économique, les clubs devront être efficaces dans leur organisation et projet sportif. Pros comme amateurs seront impactés mais je suis persuadé que nous parviendrons à surmonter ces moments délicats.
