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Bastien Rodriguez, du nord de la France à Cali

Exilé en Colombie depuis 2019, Bastien Rodriguez est l’unique technicien français en poste dans ce pays d’Amérique du sud. Passionné de ballon rond et de voyages, l’homme fait aujourd’hui partie du staff de Juan-Carlos Osorio, le coach de l’América de Cali.

Quelle trajectoire vous a mené jusqu’en Colombie ?

J’ai un parcours atypique. Je n’ai pas commencé par étudier le sport mais l’urbanisme. En 2015, je me suis réorienté vers ma passion, le football. J’ai commencé par un service civique dans un club près de Lille puis j’ai enchaîné avec un contrat aidé à l’ES Roncq avec des responsabilités administratives et sportives. Ces deux années m’ont permis de me former avec l’obtention d’un BP JEPS , de la Licence B puis d’un diplôme d’analyse vidéo. À la fin de mon engagement, ma compagne et moi avons décidé de tenter notre chance en Colombie.

Quel poste occupez-vous désormais ?

Je suis analyste vidéo à l’América de Cali, un club de première division depuis août 2020. Cela comporte plusieurs missions. En amont du match avec l’analyse vidéo de chaque séance d’entraînement et l’observation de l’adversaire. Le jour du match avec une analyse vidéo du jeu de l’équipe et un mini compte-rendu fait au staff à la mi-temps. Enfin, après la partie, je fais une analyse globale du match de l’équipe, sur les comportements individuels, collectifs et les coups de pied arrêtés. Pour finir, je collecte également les statistiques de l’équipe pour mettre à jour notre base de données en fonction de ce que demande le coach et des critères du club.

Quelles sont les spécificités du football colombien ?

C’est un football très physique, avec des joueurs rapides et techniques. Beaucoup d’individualités sortent du lot car il n’existe pas beaucoup d’identité collective forte. On sent toujours l’influence de Francisco Maturana (sélectionneur de la Colombie à quatre reprises, NDLR) et son fameux « toque », un style avec beaucoup de passes, peu de touche et l’absence de verticalité dans le jeu. La culture défensive est aussi très présente avec des blocs bas voire médian. Je crois que cette saison, nous sommes la seule équipe à avoir la volonté d’être acteur, d’aller chercher haut et de récupérer dans le camp adverse.

Les entraîneurs étrangers valorisés

Existe-t-il des similitudes entre l’entraînement en France et en Colombie ?

Très peu car ici, il n’existe pas encore de formation qui donne un vocabulaire et une identité commune à tous, bien que la fédération travaille en ce sens. Peu de coachs sont formés, même en D1. C’est aussi pour cela que les entraîneurs étrangers sont valorisés. La deuxième grosse différence relève des infrastructures. Un seul club du pays dispose de ressources humaines et matérielles suffisantes pour évoluer. C’est pourquoi il est impossible de pouvoir comparer quoi que ce soit aujourd’hui.

Que faut-il vous souhaiter pour l’avenir ?

J’ai un objectif : continuer à travailler dans le football professionnel. J’ai la chance de faire partie d’un club historique avec des joueurs de grande qualité et je veux garder ça. Je dois continuer à me former, à passer les diplômes pour progresser mais aussi lire et penser la même chose que mes collègues sud-américains. Ici, je ne peux pas poursuivre la formation UEFA mais pourquoi pas le faire avec la CONMEBOL ? L’idéal serait d’avoir plusieurs cordes à mon arc, pour remplir différents rôles : analyste vidéo, entraîneur adjoint, entraîneur principal. C’est un désir mais chaque chose en son temps. Mon ambition est d’abord de poursuivre ma progression.

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