ff2729738719584763e6ed6292ac7c83

Damien Della-Santa : « Je me prépare depuis dix ans pour atteindre le haut niveau »

Entraîneur spécialisé dans l’optimisation des performances des joueurs de football grâce aux préférences motrices et cognitives, Damien Della-Santa, 31 ans, collabore aujourd’hui avec les meilleurs clubs européens et des sélections nationales.

Quel a été votre parcours jusque-là ?
« J’ai joué au foot et entraîné pendant dix-sept ans à l’Avant-Garde Caennaise, tout près de chez moi. J’ai commencé très jeune à coacher, à 14 ans. La première fois que j’ai pris la responsabilité d’un groupe senior, j’avais 18 ans. J’ai été entraîneur dans toutes les catégories au sein de ce club, des débutants à l’équipe première. J’ai également créé la section féminine de l’Avant-Garde, qui est montée jusqu’en D2. En parallèle, j’ai été adjoint pendant trois ans de la réserve professionnelle du Stade Malherbe de Caen et des U19 Nationaux. J’ai aussi entraîné des U19 en Bretagne et des seniors régionaux dans l’Oise. Titulaire du Brevet d’Entraîneur de Football, j’ai eu en parallèle des expériences de formateur de cadres de la FFF et ai écrit un livre sur le projet de jeu. »

Quelles sont vos missions actuellement ?
« Déjà, partons du raisonnement que j’ai eu à mes débuts. Je me suis dit que pour avoir une chance, un jour, d’accéder au haut niveau, il fallait que la décennie de mes 20 à 30 ans me serve à me préparer. Car j’ai toujours su que ce serait compliqué d’intégrer un groupe professionnel comme adjoint en étant jeune. J’ai travaillé cinq années sur la périodisation tactique, et ces cinq dernières années, je me suis donc formé en neurosciences via l’approche ActionTypes®, qui traite notamment des préférences motrices, des préférences cérébrales et de l’acquisition des habilités motrices. C’est une approche généraliste sur l’homme, et moi, mon travail, ça a été de raisonner avec mes yeux d’entraîneur et d’essayer de répondre à des problématiques qu’un coach peut rencontrer. J’ai rejoint la société Axel Football et j’ai mis au point des outils concrets d’optimisation de la performance pour les clubs.

J’exerce donc aujourd’hui en tant que consultant pour les clubs et les sélections nationales pour essayer de leur apporter une plus-value par rapport à mes recherches. Je collabore pour l’heure avec une douzaine d’équipes professionnelles qui sont en première division de leur pays, dont trois joue la Ligue des champions, ainsi qu’avec une sélection nationale du top 10 mondial. »

Pouvez-vous nous expliquer le contenu de votre travail ?
« L’idée, c’est de me concentrer sur des choses peu développées dans les clubs par manque de temps ou de moyen et qui apportent une plus-value. D’après moi, il y aura deux axes d’amélioration dans le football de haut niveau dans les années à venir.

D’abord, le travail spécifique des attaquants. Car aujourd’hui, si on analyse un petit peu, on se rend compte que le taux d’efficacité des attaquants par rapport au gardien de but – pour qui un travail spécifique de haute qualité est proposé – est moindre. Un gardien qui fait deux boulettes dans l’année, on dit qu’il fait une mauvaise saison. Pour un attaquant, le taux de conversion des occasions franches est trop peu élevé par rapport à ce qu’il pourrait être. Une étude que j’ai faite sur la saison 2018/2019 de Ligue 1 montre qu’un but marqué en championnat rapporte en moyenne 1,09 point (0,89-1,21). Même s’il est réducteur de raisonner de cette manière, l’écart-type est petit et la réalité est proche de cette conclusion. Combien d’équipes ratent leur objectif à 1 ou 2 points en fin de saison ? La plus-value peut être énorme même si ce travail n’apporte que 2 ou 3 buts supplémentaires par an. Investir sur les attaquants s’avère en plus être rentable car ce sont les joueurs qui coûtent les plus chers. En m’appuyant sur les préférences motrices, mon but est d’amener la meilleure stratégie pour améliorer l’efficacité de l’attaquant. J’ai, dans ce sens, participé à un groupe de travail à la FFF sur les attaquants. 

Le deuxième axe, c’est sur les coups de pied arrêtés. Un but sur trois est marqué sur un coup de pied arrêté. Pourtant, ils sont trop peu travaillés au quotidien car il n’y a pas le temps. Je pense que nous sommes à une ère où les combinaisons sont dépassées. D’une part, les joueurs traînent les pieds lorsqu’il s’agit de travailler ces combinaisons à l’entraînement, et d’autre part, les meilleurs clubs peuvent anticiper ce qui va se passer via des départements d’analyse vidéo développés. Par rapport aux préférences motrices des joueurs, on peut stabiliser la régularité sur les frappes, optimiser les actions des receveurs et détecter les failles dans la défense adverse.

Enfin, je développe actuellement un troisième axe. Comment optimiser les performances de chaque joueur sur le plan technique et mental ? Comment lui faire gagner du temps en lui donnant les critères de réalisation qui sont adaptés à son profil ? Je pense qu’il est possible d’aller encore plus loin à l’ère de l’individualisation. De ce fait, je travaille sur les autres postes, notamment les défenseurs et les gardiens de but. J’ai pu travailler en club avec une dizaine d’entraîneurs et de gardiens de Ligue 1/Ligue 2 et intervenir au CEGB (Certificat d’entraîneur de gardien de but). »

Où vous voyez-vous dans quelques années ?
« Aujourd’hui, ma situation est confortable, je rencontre des challenges passionnants, je peux échanger régulièrement avec des joueurs et entraîneurs de haut niveau et donc continuer d’apprendre. Depuis trois ans, je ne suis plus coach car je n’ai plus beaucoup de temps à cause de mon activité. Mais à terme, si un challenge intéressant m’est proposé, je me verrais bien être entraîneur adjoint, sur un poste où je pourrais m’occuper des petits détails qui peuvent faire de grandes différences, comme le développement individuel des joueurs, l’entraînement des attaquants ou les coups de pied arrêtés. »

Partager l'article
Partager l'article