Moyen-Orient, Afrique, Indonésie, Laurent Hatton a toujours adoré les voyages. Au point d’avoir posé ses valises depuis deux an et demi maintenant en Chine.
« Entraîner à l’étranger me permet de réunir tout ce que j’aime : les voyages et le football. » Depuis 2020, Laurent Hatton a pris ses quartiers en Chine. Deux ans à Chengdu pour débuter, au sein d’une académie rattachée à l’Olympique Lyonnais et depuis cet été à Chongqing, ville connue pour être « la plus grande du monde » avec pas moins de 34 millions d’habitants. « Je travaille aujourd’hui dans un établissement collège/lycée qui regroupe entre 5 et 6000 élèves.
Mon rôle est ainsi de superviser les catégories U12 à U15 en formant les éducateurs chinois qui sont à leur tête. » En Chine, le football est devenu un enjeu majeur pour l’État. « Depuis plusieurs années, le pays n’a pas progressé et ce, pour plusieurs raisons : des sponsors majeurs qui se sont retirés faute de moyens, les limites de salaires mises en place ou encore une culture trop éloignée du monde occidental. Le gouvernement a donc repris les choses en mains et ambitionne d’ouvrir d’ici quelques années près de 50 000 structures de formation » poursuit le technicien de 59 ans.
Symbole de cette politique de développement, de nombreux coachs lancent aussi leurs académies en dehors du système scolaire. Une manière de déceler les jeunes talents mais aussi et surtout de faire du business.
Formateur dans l’âme
Sport cible, le football est même utilisé aujourd’hui pour permettre aux adolescents d’accéder aux meilleures universités du pays. « Ici, presque tous les entraîneurs sont des professeurs de sport. Leur classe est donc leur équipe pour laquelle ils sont « professeur principal ». Ils ont aussi à charge le lien avec les autres enseignants. » Malgré un parcours remarquable avec notamment plusieurs montées à son actif en séniors, Laurent Hatton n’a jamais mis de côté sa passion pour la formation.
« Je n’ai jamais cessé d’entraîner les jeunes. Même lorsque je coachais les séniors à Pacy-sur-Eure, j’encadrais les U7 le samedi matin. J’ai toujours été un formateur dans l’âme et cela me permettait aussi de sortir du football de compétition et de voir autre chose. » Totalement épanoui, le normand regrette malgré tout l’absence d’entraîneurs tricolores à l’étranger.
« Après le sacre mondial en 98, nous n’avons pas assez milité pour vendre la formation française à l’étranger, au contraire de nos voisins hollandais, portugais ou anglais. Ajouté à cela que nous sommes toujours perçus comme des coachs faibles en langues étrangères, cela ne joue pas en notre faveur. » Quoi qu’il en soit, la Chine a aujourd’hui la chance de compter sur un technicien expérimenté pour former les entraîneurs de demain et atteindre les objectifs élevés qu’elle s’est fixée.