La raison est impuissante quand la passion prend le pouvoir.
Je suis encore président du syndicat et entraineur du FC Nantes. Comme Joel Muller et Guy Roux avant moi, étaient présidents de l’UNECATEF et entraîneurs de Metz et Auxerre. En tant que représentant des entraîneurs et éducateurs, j’ai œuvré pour défendre les intérêts de la profession. J’ai toujours envie de les aider dans leurs revendications, de les rassembler dans ce métier concurrentiel où chacun à tendance à s’isoler. Être sur le terrain et diriger le syndicat n’est pas incompatible. Je faisais le dernier avec enthousiasme, je continuerai.
J’étais consultant sur la chaine L’Equipe assis tranquillement derrière une table ou devant un écran pour expliquer ce que faisaient ou tentaient de faire les autres avec un brin de culpabilité souvent. Aujourd’hui, je m’affiche dans la vitrine avec les risques inhérents à ceux qui font contre ceux qui expliquent. J’assume.
Je connais trop le métier d’entraineur pour savoir que personne ne fait exprès que son équipe joue mal ou qu’il fait son équipe en pensant qu’il se trompe.
La raison aurait dû m’interdire ce plongeon dans la lessiveuse de la vie de coach. Et pourtant malgré la réglementation sur l’âge que j’avais défendu en application de l’article 655 de la charte du football professionnel, non sans en souligner son irrégularité.
Au même titre que Ranieri, Girard, Halilhodzic ou Gasset, je me sens apte à relever le défi du terrain.
Pour que l’information de chacun soit complète, je me dois de préciser que la suppression future de cet article (illégal) est la contrepartie des négociations que le syndicat mène depuis deux ans pour que les dirigeants de club acceptent de créer un statut pour tous les adjoints dans la charte. Cette avancée syndicale importante pour la profession sera conclue début 2021.
Puisque les calendriers se tamponnent, j’imagine que certains auront à cœur de penser que ce changement m’arrange bien. D’autres imagineront que je suis décidément machiavélique. Mais vous savez tous au fond que ce n’est qu’une affaire de circonstances.
En toute transparence, je me dois de vous dire que je vais même bénéficier d’une autre réglementation que j’avais dénoncé : celle sur la durée du contrat, qui est la signature d’un contrat de 2 ans minimum, sauf signature en cours de saison. Accord voulu et signé par Joël Muller, il s’agissait seulement de permettre à un club de ne pas s’engager en cas de rupture après le 1er janvier avec un nouvel entraîneur pour 2 ans ½. Mais une transcription erronée des juristes fait que cet accord s’applique à n’importe quel moment.
J’aurais pu, j’aurais peut-être dû rester à ma place. Celle que tout le monde avait pris l’habitude de me voir occuper. Mais voilà, avoir été longtemps joueur, entraineur et sélectionneur encore plus longtemps laisse dans l’âme une trace indélébile et les circonstances de la vie font que parfois l’envie est plus forte. Je n’ai pas de plan de carrière. Mon avenir s’écrit au jour le jour. Il sera celui d’entraîneur du FC Nantes parce qu’être entraineur est déraisonnable mais tellement passionnant.
Peut-on expliquer la passion ? Doit-on expliquer un coup de cœur ?
Pour moi : c’est non.