A chaque maladie, son remède. A l’opposé d’une méthode qui préserve les statuts en place, Frédéric Antonetti n’a pas hésité à trancher dans le vif lorsqu’il a débarqué à Saint-Etienne au cours de la saison 2001-2002 : “Nous étions derniers en L2. Sans avertir personne, ni le président, ni le directeur sportif, un matin, j’ai écarté sept joueurs de l’effectif. Ça a fait des vagues mais sur les 17 derniers matchs de la saison, on en a gagné 16.
Et l’année d’après, on montait en L1. La preuve que j’avais bien identifié le problème : le groupe était trop pléthorique, il fallait le resserrer pour lui permettre d’aller cher- cher une nouvelle dynamique.” A Strasbourg, 18e de L1 en février dernier, lorsque Marc Keller l’appelle, avant d’accepter le défi, il prend bien soin de regarder les cinq derniers matchs de l’équipe. “Quand je l’ai rappelé pour accepter son offre, il m’a demandé à combien de pourcentage j’estimais les chances de maintien. Je lui ai dit 100 % si on est épargné par les blessures. Ce n’était qu’une affaire de confiance. Il y avait des clans dans le groupe, il a fallu le ressouder mais la valeur était là.”
“J’ai écarté 7 joueurs, ça a fait des vagues, mais sur les 17 derniers matchs de la saison, on en a gagné́ 16 !”
Dans la même impasse, à Lille (18e de L1 en novembre 2015), “il m’a fallu trois mois pour trouver la bonne formule parce que là encore il y a avait trop de joueurs (un groupe de 30). On a fini 5e. Quand le problème est physique, parce que vous vous apercevez que vos joueurs ne tiennent pas la distance, ça prend plus de temps et les joueurs acceptent plus difficilement d’augmenter l’intensité des entraînements.”
Pour son second passage à Bastia (1999-2001), c’est en écartant pendant deux mois “le joueur le plus doué de l’équipe, qui rechignait à défendre et chouinait en permanence” qu’il est parvenu à inverser la tendance. “Quand il est revenu, il a été le meilleur !” Entre temps, pour briser la série, le coach était revenu à un système de jeu plus simple, avec des séances d’entraînement plus ludiques et des objectifs moins ambitieux, “commencer par ne pas prendre de but, faire match nul” pour essayer de réamorcer la pompe. “Je suis aussi partisan de faire jouer les joueurs à leur meilleur poste.” Partir quelques jours en stage peut aussi déclencher quelque chose… plus facilement qu’en criant sur ses joueurs pour extérioriser sa frustration. “J’ai eu des colères que je regrette, avoue Frédéric Antonetti, car généralement elles ne sont pas constructives. Il vaut beaucoup mieux se taire et agir !”